LA METEORITE DE ROCHECHOUART
LA METEORITE DE ROCHECHOUART
Une énorme météorite est tombée en Limousin, à Rochechouart, comme son nom l'indique. Aucun être humain n'en fut affecté; en effet le phénomène s'est produit il y a environ 200 millions d'années et l'Homme n'est apparu sur terre qu'il y a environ 4 ou 5 millions d'années.
L'impact à Rochechouart ne fait maintenant plus de doute et, si l'on ignorait encore l'existence d'astroblèmes (du grec astron: astre et blema: coup) sur notre planète au 19ème siècle, d'éminents géologues constatent aujourd'hui la nature extra-terrestre de certaines roches et savent différencier les impactites et autres brèches polygéniques des roches subvolcaniques ou métamorphiques.
La météorite de Rochechouart mesurait 1,5km de diamètre, sa masse était de 6 milliards de tonnes et sa densité de 3,4, d'après Philippe Chevremont ingénieur au BRGM. Le diamètre du cratère provoqué par cette collision est estimé à 20km. L'impact a provoqué une gigantesque nuée ardente et une vaporisation des roches en contact, puis cet énorme nuage incandescent est retombé au fond du cratère, le recouvrant de 80m d'épaisseur de brèches de retombée. L'onde de choc, considérable, a également provoqué, dans le fond du cratère et tout autour, la formation de brèches de dislocation et de profondes modifications structurales des formations géologiques pré-existantes. Enfin l'énorme détente qui a suivi la phase de compression occasionnée par le choc terrible a provoqué de profondes fractures dans la roche encaissante et a généré la circulation de fluides hydrauliques et la formation de brèches hydrothermales ainsi que des pseudo-tachylites (mylonites d'aspect vitreux). Les géologues ont constaté la présence de telles formations à proximité de Rochechouart dont les bâtiments, et notamment l'église, sont en partie construits à l'aide de matériaux d'un brun rouge qui tranche avec les pierres calcaires ou les granites de cette région. Chacun peut en faire l'observation.
Les géologues qui ont entrepris les recherches pour identifier l'emplacement exact de l'astroblème de Rochechouart le situent immédiatement à l'ouest de cette ville dont le château serait construit sur la bordure est du cratère. L'emprise septentrionale de l'astroblème se situerait à Chassenon, non loin de la vallée de la Vienne et l'extrémité méridionale du cratère se trouverait, d'après eux, à Montoume; son axe est-ouest passerait par Rochechouart, Babaudus et Pessignac. Dans ces conditions le cratère identifié par les géologues ne mesurerait que 10km de diamètre au maximum.
Or nos observations personnelles nous montrent à l'évidence un astroblème d'une toute autre ampleur: Il suffit d'observer avec attention les plis 15 et 16 de la carte Michelin N°72 au 1/200.000 (soit 1cm pour 2km) dans l'édition ancienne ou la carte IGN N°110 (plis 8 et 9). Nous apercevons alors très clairement un cratère de 20km de diamètre, chevauchant la Haute-Vienne du sud et la Dordogne du nord. Le brunissage géographique des escarpements du cratère est très apparent sur la 12ème édition de cette carte (1978) et rappelle l'aspect lunaire que notre planète devait présenter à l'époque de l'impact.
Certes l'érosion des ères géologiques (trias, mias etc…) a énormément émoussé les bords du cratère et les sédiments accumulés ainsi que la végétation luxuriante du Périgord Vert ont un peu modifié le paysage, mais les reliquats visuels et toponymiques sont encore suffisamment éloquents comme on va pouvoir en juger dans les pages qui suivent:
Tout d'abord et en "premier lieu" l'étymologie de Rochechouart n'est plus à démontrer. Or notre cratère voit son extrémité nord-est à 10km seulement de cette ville et son centre à 25km. En faisant le tour de l'astroblème, qui présente la quasi-perfection d'un cercle, on rencontre les lieux suivants, dans le sens de la marche des aiguilles d'une montre et en partant du village de Chéronac: St.Bazile, Cussac, Champagnac-la-Rivière, Brie et La Boissonnie, Montbrun, Dournazac, La Soupèze, La Lambertie, Maberout, St.Saud-du-Chalard, St.Pardoux-la-Rivière, Nontron et St.Martial-de-Valette, Javerlhac, Teyjat, Varaignes, Eymouthiers, Ecuras, Sableronne, Roussines, Les Salles-Lavauguyon, pour retrouver, à Chéronnac, la fermeture du cercle.
A l'intérieur du cratère se gtrouvent les villages suivants: St.Mathieu, La Chapelle-Montbrandeix, Savignac-de-Nontron, St.Martin-le-Pin, Abjat-sur-Bandiat, Augignac, St.Estèphe, Etouars, Bussière-Badil, Busserolles, Champniers-et-Reilhac, Masonnais-sur-Tardoire et, en plein centre: Saint-Barthélémy-de-Bussière, Marval et Piégut-Pluviers.
On constate par ailleurs des toponymes significatifs, tout le tour du cratère, qui dénoncent le caractère montagneux des bords du cratère dit de Rochechouart: En commençant par le nord et toujours dans le sens de la marche des aiguilles d'une montre, on rencontre successivement les toponymes suivants: Peyrassoulat, Le Monteau, Puymoroux, Puyconnieux, Le Puy, Montbrandeix, Montbrun, Le Montibus, Le Montet, Puyhardy, (St.Saud et le Saut du Chalard dont nous reparlerons plus loin), Puyriol, Puypelat, Montcheuil, Montbrun, Montouleix, La Peyre.
D'autres toponymes accusent l'état chaotique autour du centre du cratère: Le Rocher-de-Peyrouteau, Puymoroux, Puyseguy, La Mothe, Peychanaud, Lapeyre, Montagut, Puyrazeau, Peyrat, Aumont, Puyhardy, La Crête et, finalement, au centre absolu: Piégut qui est un rocher pointu particulièrement caractéristique de la "quille centrale" qui s'élève démesurément au centre des astroblèmes, comme au centre de toutes les surfaces liquides ou liquéfiées sur lesquelles une masse quelconque est brutalement déversée, qui s'élève immédiatement après le choc et qui correspond à la détente des matières compressées.
Sur ce rocher de Piégut fut élevée au XIIIème siècle par les comtes de Limoges une tour destinée à profiter de l'éminence providentielle pour surveiller l'approche d'envahisseurs éventuels et potentiels.
D'autres rochers se caractérisent particulièrement en ces lieux par leur singularité chaotique: Le Chapelet-du-Diable, Le Roc-de-Poperdu et le Roc Branlant de St.Estèphe. Ces roches instables ne se trouvent pas par hasard à l'intérieur du cratère de Rochechouart.
Par ailleurs, sur le plan hydrologique, on ne devra pas s'étonner de trouver, à l'intérieur du cratère, d'importantes réserves d'eau, qui correspondent à autant de lacs prisonniers de la cuvette. Le grand étang de St.Estèphe en est le plus spectaculaire exemple; mlais il n'est pas le seul. Existent aussi: l'étang de Grolhier, l'étang des Petits Moulins, de Ballerand, de Pimpidour, des Gravous, de la Gourgousse, ceux de la chapelle de Montbrandeix et ceux de St.Barthélémy-de-Bussière. Bien des ruisseaux de la région les traversent ou naissent à partir d'eux. On trouve à l'intérieur du cratère la source d'importantes rivières: Le Nauzou, Le Trieux, La Doue, la Côle, La Tardoire et le Bandiat. Ces deux dernières rivières ont toujours eu la réputation de cours d'eau "fantômes" qui ont disparu avant d'atteindre les fleuves dont ils devraient être les affluents. La logique veut, tout simplement, que ces rivières ne puissent s'échapper du cratère qu'en passant au travers de ses bords; à moins de le remplir entièrement, ce qui aurait alors provoqué un immense lac noyant le Parc Régional-Périgord-Limousin et voyant poindre en son centre l'"Ile de Piégut", comme le "Clouk de Percassé" ou le "Laquin d'Issac (mais ceci est une autre histoire).
Sans plaisanter, si le cratère de Rochechouart n'est pas là où nous croyons, que les géologues nous expliquent alors quel est ce phénomène circulaire qui entoure Piégut d'un halo de mystère, et pourquoi tant de mégalithes sont concentrés à l'intérieur de ce cercle ?
Jean Berty.
(Serge Avrilleau)
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